"La beauté se trouve dans l'œil de celui qui la regarde". En effet, elle est subjective. Il est impossible de la définir car il n'existe pas une vérité de la beauté : il en existe autant de sortes que d'hommes et de femmes sur terre. Il serait impossible de trouver une unique représentation de la femme ou de l'homme idéale, tout simplement parce que les normes de beauté différent d'un pays à l'autre et même en son sein. Nous allons aujourd'hui faire abstraction de cette mondialisation qui, malheureusement, véhicule une tendance à l'uniformisation des canons de la beauté et nous allons nous concentrer sur la perception de la beauté dans certaines régions du monde. La symbolique que renferme certaines traditions venues d'ailleurs est parfois étonnante, surprenante, mais tellement intéressante. En comprenant pourquoi certaines pratiques existent et ce qu'il se cache dernière, on parvient à percevoir la beauté de n'importe quel être.
Faisons un voyage dans le monde de la beauté...
N°1 : LE CRÂNE RASÉ (TANZANIE)
Alors qu'en Europe la boule à zéro est plutôt réservée aux hommes et la chevelure flamboyante et longue aux femmes, en Tanzanie, c'est le contraire que l'on observe. Les femmes et fillettes maasaïs se rasent la tête car les cheveux longs symbolisent la crinière du lion et cela est réservé aux guerriers. Elles doivent donc rester à leur place de "lionne" avec une coupe à ras.
N°2 : LA PEAU BLANCHE (ASIE : THAÏLANDE / CHINE / CORÉE / PHILIPPINES / JAPON)
Si vous êtes en Thaïlande et que vous entendez : "dam-tap-ped", vous êtes en droit d'être vexé-e ! En français, cela signifie "foncé comme le foie d’un canard". En d'autres termes, vous êtes bronzé-e et cela est très mal vu. Une peau colorée par le soleil est associé à un rang social de basse échelle, car ce sont les paysans qui ont le teint hâlé, à force de travailler toute la journée dans les champs en plein soleil.
A l'inverse, soyez ravi-e d'entendre "khwaaw suay"("joli blanc") car il s'agit du plus beau des compliments. Que ce soit en Chine, en Corée, au Philippines, au Japon ou en Thaïlande, les belles femmes sont blanches. Le teint pâle est synonyme de pureté et de richesse et est extrêmement bien vu. A l'inverse dans les pays occidentaux le teint blafard nous semblera moins beau et on associera la mauvaise mine à un état de santé déplorable. Quoiqu'il en soit, en Asie, le bronzage est exclu. C'est pourquoi il est fréquent de voir, même en plein été, des parapluies arpenter les rues, les asiatiques se servant d'ombrelles pour se protéger du soleil. Il n'est pas rare non plus d'apercevoir des femmes revêtues d'un maillot de bain intégral et même d'une cagoule de bain. Au détriment d'être sexy sur le moment, cela permet de conserver la peau blanche, vecteur de beauté, toute l'année.
Et parce qu'il n'y a pas de tendance sans abus, la mode à une peau toujours plus blanche avec des mannequins d'une blancheur affolante occupant les affiches publicitaires ont fait de la blancheur un must-have. L'industrie cosmétique n'a pas hésité une seconde avant de s'emparer de ce phénomène : crème avec agents blanchissants ou décolorants se vendent comme des petits pains, injections whitening jabs se multiplient. C'est sans compter les effets négatifs sur le corps de ces différents produits cutanés et l'impact encore plus désastreux des injections sur le système circulatoire.
N°3 : LE TATOUAGE DE VISAGE Tā moko (NOUVELLE ZELANDE)
Depuis longtemps, l'une des traditions du peuple maori est de tatouer le visage des hommes (mais aussi leurs cuisses et leurs fesses. L'objectif étant de marquer leur masculinité et notamment leur transformation de garçon en homme, une étape importante de la vie. La complexité du schéma tatoué sera le pur reflet du statut et de l'origine du garçon élevé au rang d'homme. Ce dessin le rendra plus attrayant pour le sexe opposé.
N°4 : LE MONO SOURCIL (TADJIKISTAN)
Alors que dans la plupart des régions du monde, les sourcils font l'objet d'un débroussaillage précis et artistique à la cire ou au fil pour obtenir une forme parfaite, au Tadjikistan, il n'est pas question d'en ôter le moindre poil. Le sourcil unique naturel est un signe traditionnel de beauté et cette particularité physique symbolise la prospérité. Ainsi, certaines femmes n'hésitent pas à se créer un monosourcil home made pour répondre aux canons de la beauté. Elles peuvent utiliser une herbe verte spéciale appelée "usma" pour fournir leurs sourcils, colorer l'espace inter-sourcils et cela dès le plus jeune âge.
N°5 : LE VISAGE ENFANTIN : YEUX RONDS - VOIX AIGUËS - DENTS TORDUES (CHINE)
En Chine tout ce qui est mignon et beau. Paraître le plus enfantine possible est donc un atout de taille.
Pour cela, les femmes n'hésitent pas à passer sous le bistouri pour débrider leurs yeux afin qu'ils paraissent plus grands et plus ronds, tels des yeux innocents d'enfant !
De même, être maniérée avec une petite voie aiguë permet d'accentuer le capital mignonnerie.
Les dents de travers, mal alignées avec canines proéminentes sont étonnamment très en vogue. Les orthodontistes acceptent d'ailleurs de tordre les dents de leurs patientes pour obtenir ce résultat tant convoité.
N°6 : LES FOSSETTES PERCÉES (THAÏLANDE)
Le peuple thaïlandais pratiquent un rituel culturel pour le moins douloureux : ils se percent les joues au niveau des fossettes. Ce processus a souvent lieu pendant le festival végétarien de Phuket (10 jours). Entre hommes, ils se mettent en concurrence et utilisent différentes techniques de perçage : fusils, épée, vélos, etc. Cet acte éprouvant serait un acte de dévotion envers eux même et permettrait de chasser les mauvais esprits.
N°7 : LES BOUCHONS DE NEZ (INDE)
Les femmes Apatani étaient autrefois considérées comme les plus belles femmes d'Inde. Faisant l'objet de toutes les convoitises, les tribus Apatani étaient souvent attaquées par les hommes des villages voisins qui cherchaient à voler les épouses Apatani. Il a donc fallut opter pour une pratique répulsive avec des décorations nasales inhabituelles : des bouchons laids et disgracieux dans chaque narine ! De quoi les rendre moins attrayantes pour les hommes des autres tribus. Ce dispositif anti-vol s'est poursuivi jusqu'à l'ère moderne mais est aujourd'hui plus une tradition qu'un réel système répulsif.
N°8 : LE DISQUE À LÈVRE (ÉTHIOPIE)
Vous avez sans doute déjà entendu de la tribu Mursi, cette tribu où les femmes ont été surnommées "femmes à plateau", du fait du disque plat, appelé labret ou dhébé, inséré dans leur lèvre inférieure. Un véritable bijou décoré de magnifiques gravures dont l'objectif n'est, contrairement aux apparences, pas ornemental.
En fait, les grandes lèvres sont très à la mode dans cette population. Avant l'âge de 10 ans, les jeunes filles se font donc percer la lèvre inférieure pour qu'un bâton en bois puisse y être inséré. Ceci amorce le processus d'agrandissement de la lèvre. Cette cheville est rapidement remplacée par un cylindre en argile qui sera agrandi d'années en années jusqu'à atteindre plusieurs dizaines de centimètres !
Cet ornement labial a forcément un sens et les anthropologues ont exposé diverses théories. Le labret serait signe d'appartenance à un groupe : plus le disque serait large, plus le statut social serait élevé. Mais ce cylindre plat servirait également de protection contre les mauvais esprits. Il serait également utilisé pour séduire la gente masculine. Cela expliquerait d'ailleurs pourquoi il n'est porté qu'en présence d'hommes et lors des rencontres importantes et que la femme Mursis n'est plus obligée de le porter après son premier enfant.
N°9 : LES DENTS COUPÉES (INDONÉSIE - BALI - AFRIQUE)
Certaines tribus d'Indonésie et d'Afrique s'infligent une procédure douloureuse qui consiste à se ciseler les dents pour les avoir plus petites et plus pointues.
En Indonésie, cet art dentaire excentrique serait signe d'un statut social plus élevé.
A Bali, les dents symbolisent la colère et la haine. La croyance est que la réduction de la taille des dents permettrait de se débarrasser de ses émotions négatives.
Enfin, en Afrique, ce sont les guerriers qui se taillent les dents pour ressemble davantage à des animaux ce qui leur conférerait un aspect plus redoutable sur le champ de bataille.
N°10 : LES DENTS SOMBRES (ASIE)
Décidément, l'Asie et ses rituels beauté plus originaux les uns que les autres ! Certaines tribus locales d'Asie auraient en effet pour habitude de se teindre les dents en noir. Si cette tradition aurait un effet non cariogène, elle serait surtout le reflet du statut de femme mariée.
N°11 : LE LONG COU (THAÏLANDE/BIRMANIE)
Chaque année, plus de 40 000 touristes se déplacent pour observer les tribus montagnardes Kayan, et plus précisément celles qu'ils ont surnommées les femmes girafes, en référence à leur cou qui ressemble à celui de l'animal par sa taille.
En effet, dès l'âge de 4 ans, les fillettes portent un collier-spirale autour de leur cou. On pourrait croire que ce collier impacte les vertèbres du cou pour les allonger, mais il pèse en fait sur les côtes qui se mettent à pencher vers le bas. Ainsi, plus les côtes sont inclinées, plus le collier tombe sur les épaules et devient trop large et insuffisamment long pour envelopper l'ensemble du cou. C'est pourquoi il est changé par une spirale plus longue au fur et à mesure des années. Ce n'est pas seulement un anneau qui est ajouté mais tout le collier qui change. Enlever le collier n'est donc pas mortellement dangereux et il n'y a pas de risque d'être énuquée même si les muscles sont affaiblis. Si les femmes le gardent constamment, c'est que la peau et les os de leur cou sont meurtris et décolorés par leur dissimulation permanente sous le collier. Un vrai cercle vicieux qui fait de cet ornement une extension du corps de la femme.
Ces femmes, créatrices d'illusions, ont réussi un véritable exploit en faisant croire à tous que leur cou était anormalement long, mais pourquoi ? Pour se protéger des morsures de tigres ? Pour être moins attrayantes aux yeux des tribus rivales et éviter d'être kidnappées pour mariage ou esclavage? Les hypothèses fusent, mais le mystère autour de la véritable origine de cette tradition reste impénétrable.
N°12 : LE CULTE DES RONDEURS (AFRIQUE : MAURITANIE - RÉPUBLIQUE DU CONGO)
Un proverbe maure résume bien la situation africaine : "Une femme occupe dans le cœur une place égale à son volume". Les africains aiment les femmes bien en chair et les rondeurs sont un irrésistible atout de séduction. Dans les pays occidentaux, le surpoids et l'obésité conduisent à la maladie. En Afrique, cet excès pondéral est vecteur de beauté et c'est à l'inverse la minceur qui est synonyme de maladie et de malnutrition. La chair épaisse reflète la richesse et témoigne de la réussite sociale du mari, c'est pourquoi elle attise les convoitises. Les concours de beauté récompensent les femmes fortes, avec un corps naturel et harmonieux. Le résultat d'un tel engouement pour le surpoids est l'abus. Les femmes sont nourries de force pour grossir et ont recours à des médicaments qui agissent sur les hormones de la faim pour stimuler l'appétit. En Mauritanie et République du Congo, elles sont gavées à base de vitamines pour animaux.
Chaque lubie à ses dérivées, on connaissait celles de la minceur extrême mais pas celles des rondeurs abusives.
N°13 : LES JAMBES LONGUES (RUSSIE)
Les femmes russes ont depuis longtemps nourri une obsession pour les longues jambes. Pour atteindre leur objectif subjectif de beauté, elles n'hésitent pas à avoir recours à la chirurgie. Pour se faire, les os des jambes sont cassés et on laisse la calcification se refaire naturellement pour gagner quelques centimètres...
N°14 : LES PIEDS EN LOTUS (CHINE)
En Chine rurale, à l'époque de la dynastie des Qing, une pratique terrifiante et fantaisiste a fait office de tradition suivie par les femmes dans l’espoir d’apparaître belles aux yeux de leurs pairs.
Les fillettes chinoises, dès le plus jeune âge, étaient contraintes de se bander les pieds de manière extrêmement serrée. Non seulement, à force de bandage, les orteils se retrouvaient sous la plante des pieds, mais aussi les pieds apparaissent plus petits, ne dépassant pas les 15 centimètres. Une apparence en forme de lotus, symbole de la pureté et de la beauté en Chine.
A une époque ou la mode est à la maigreur, et où la femme fragile et pâle répond aux canons de la beauté, les pieds petits et délicats ont le vent en poupe. Ils deviennent un véritable atout de séduction et la meilleure garantie pour trouver un bon mari et gravir l'échelle social. Les femmes ayant subi la procédure de fixation du pied seraient de très bon partis car ne se plaindrait pas trop.
Heureusement cette pratique douloureuse fut abolie au XXème siècle même si il est encore possible de l'observer chez des femmes plus âgées dans certaines zones rurales.
C'est ainsi que s'achève notre voyage sur la thématique de la beauté universelle. Il est possible de voir la beauté en chaque être, car chacun répond aux critères de beauté de quelqu'un dans le monde. Bien que certaines pratiques nous semblent atypiques car bien éloignées du stéréotype de la beauté largement véhiculé par les médias hollywoodiens, elles ont leur symbolique et leur intérêt culturel. Ce sont des traditions qui creusent une différence entre les pays qu'il est agréable de découvrir au grès des voyages.
1 commentaire
Joli post merci
https://www.chirurgiedunez.org